« Enfances » par Céline Baliki

Enfances

Dans le cadre d’un atelier artistique mêlant écriture, danse et arts plastiques, les enfants ont voyagé à travers les mots et le corps pour questionner les chemins traversés depuis le seuil de l’enfance jusqu’à aujourd’hui : souvenirs, rêves, pensées qui construisent leur personnalité, leur sensibilité, leur regard sur le monde et sur eux. Le travail se compose de différents tableaux qui sont comme des étapes de vie, des moments symboliques qui font grandir.

Il naquit

D’une poussière, d’un grain de sable, tout petit, je traverse le temps pour me tenir debout. C’est un peu l’énigme du sphinx : « Je me tiens à 4 pattes le matin, à 2 le midi et à 3 le soir, qui suis-je ? », sauf que nous sommes restés au midi de la vie. Du saccadé au fluide, en variant les hauteurs, je me lève et regarde autour de moi. J’expérimente mes appuis, tombe et me relève. Mon regard s’ouvre. Plusieurs chemins s’offrent à moi. Je choisis celui que je vais prendre tout en regardant les autres. Le monde naît.

Elle naquit d’un amour rose et rouge, d’une lumière étincelante….

Il naquit des choses étranges, puis des choses essentielles à la vie

Il naquit d’un œuf de poule

Il naquit d’un homme poilu, il se blottit contre lui

Il naquit , naquit, naquit de tellement de choses qu’il mourut

Il naquit d’un nuage bleu

Il naquit d’une roche qui lui donna de la force

Marches et signatures

Après avoir trouvé un équilibre, je découvre l’espace et je trouve mon nom. Ma signature. Ce n’est pas juste un nom que j’écris sur une page mais aussi ce que je trace avec mon corps dans l’air, invisible une fois finie mais l’empreinte est gravée. Je peux varier le rythme et la grandeur selon ce que je sens. Très vite et très grand, je signe mon corps. Ou plus petit et lentement, je m’arrête même pour sentir le temps se poser tout contre ma main. D’une ligne simple et droite, je complexifie mes trajets, croise les autres qui sont des rencontres. Je sors de moi pour aller vers eux et donner mon nom. Tous ensemble, nous signons… A l’écoute de l’autre.

Le loup

Moments forts de l’enfance : les peurs que nous nous faisons : se faire peur, imaginer, fermer les yeux, être dans le noir, l’obscurité, celle qui nous attire quand même….Comment la peur se manifeste-t-elle dans le corps ? Fuir, trembler, être figé… Autant d’états de corps que nous avons explorés avec ces loups bleus, de porcelaine, ces loups qui se laissent emporter par l’amour, ces loups perdus ou ceux qui perdent une bataille… Ce n’est pas facile de montrer sa peur aux autres. Et pourtant ces tremblements ont été un moment fort du travail. A la limite de la transe, épuisant. Ancrés dans des souvenirs de peur. Ce n’est pas de la danse, pensons- nous mais le corps tremble, avance, saute, rejoint la terre…, tremblement de terre… Corps allongés qui continuent dans ses sursauts à trembler, sans cesse, puis arrêt brutal. On entend alors les loups nous confier leur secret et leur fragilité.

Moi, aujourd’hui et mes souvenirs

Cette expérience vécue cette année a laissé quelques souvenirs… Comment le corps garde-t-il trace de ce chemin parcouru ? Souvenirs de la Folie d’igitur d’Andy De Groat rencontré au CND avec qui les enfants ont travaillé… Souvenirs de mots et de danses…Ensemble, réconcilié, le passé et le présent pour danser et écrire sur le fil de l’horizon….

Il ne s’agit pas là de voir une histoire car il n’y en a pas. Laissons-nous emporter dans ce monde qui reste enfoui en chacun de nous…

 

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